Crise climatique : les communautés pastorales éthiopiennes sur la voie de l’exil
L’impact de la crise climatique est dramatique : 4 années de sécheresse suivies de pluies intenses et d’inondations menacent les communautés pastorales dans la région de Somali, en Ethiopie. Le bétail meurt et les éleveurs et éleveuses perdent leur source de revenus. 3 millions de personnes dépendent désormais de l’aide humanitaire.
Après 4 ans marqués par des sécheresses extrêmes, la Corne de l’Afrique est frappée par d’intenses averses et inondations, particulièrement en Ethiopie, Somalie et au Sud-soudan. La région éthiopienne de Somali souffre particulièrement des effets du dérèglement climatique.
Les communautés pastorales qui y vivent sont entièrement dépendantes de leurs animaux et ressentent particulièrement ses effets. Les pâtures dépérissent et les récoltes sont presque réduites à néant. Conséquence : plus de nourriture pour le bétail.
À la recherche d’eau et de nourriture
Amina a 50 ans. Elle est maman de 12 enfants. Elle vit actuellement dans le camp de déplacé.e.s internes de Gunagado, en Ethiopie. Dans ce camp vivent des personnes qui ont dû quitter d’autres régions d’Ethiopie à cause de conditions de vie devenues trop difficiles. Comme tant d’autres, Amina et sa famille ont dû quitter leur maison après avoir tout perdu à cause de la sécheresse.
Amina Ibrahim
« Tous nos moutons, nos chèvres et nos chameaux sont morts. Nous sommes venus ici à la recherche d’eau et de nourriture. On ne peut pas retourner chez nous : nous avons tout perdu. Désormais nous ne faisons que survivre. »
Les femmes plus vulnérables face au changement climatique
Shamis Alel est veuve et mère de 4 enfants. Elle est arrivée dans le camp de Jigiga il y a deux ans. Son mari a été tué par des membres d’une milice armée lors d’un conflit de territoire. Ils ont ensuite volé son bétail et l’ont forcée à quitter ses terres. La région est tristement familière de ces luttes pour des zones fertiles, des points d’eau ou le pouvoir politique. Une situation que la crise climatique ne fait qu’aggraver.
Shamis Alel
« Le temps change. Nous le voyons. La saison des pluies recule constamment. Les animaux ont du mal à trouver de quoi manger. La sécheresse nous touche durement. Et les femmes en souffrent particulièrement. Sans eau, sans nourriture, nous ne pouvons rien faire pour nos familles. Et si ça continue, ça va devenir vraiment très difficile de survivre. »
En Ethiopie, ce sont 3 millions de personnes qui ont dû fuir leur région à cause des conséquences du changement climatique – comme la sécheresse ou les inondations – et des conflits qu’elles engendrent.
Kawsar Omer Abdi a 30 ans. Elle vit dans un camp avec ses 6 enfants. « J’avais 300 chèvres et moutons. Il ne m’en reste que 25. L’herbe ne pousse plus depuis 4 ans, nous n’avons plus aucun revenu. »
Kawsar et sa famille sont donc largement dépendants de l’aide humanitaire. « Oxfam nous donne de l’eau et nous a fournir de quoi nous construire un abri. Ils ont aussi construit des latrines et distribué des produits d’hygiène, comme du savon. Mais se nourrir reste un problème. Nous avons besoin de nourriture. »
Les conditions météos extrêmes poussent les populations à l’exil
Des millions de personnes subissent les conséquences de la crise climatique dans la Corne de l’Afrique. Durant le premier semestre 2019, on considère que 750.000 personnes ont dû fuir à cause de conflits et 350.000 autres à cause des conditions météorologiques extrêmes.
Durant cette même période, sur l’ensemble du continent africain, ce sont 7,6 millions de personnes qui sont concernées par des conflits et 2,6 millions par une météo devenue folle.
Au niveau mondial, 20 millions de personnes sont forcées de quitter leur maison chaque année à cause de catastrophes causées par le dérèglement climatique.
Steun Amina, Shamis et tant d'autres
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